30 mai 2012

Les épiés.

Pour les impromptus littéraires. Le thème: Les pieds.


Deux types paisibles, enchapeautés, allongés dans les hautes herbes, posés sur un coude, chacun le leur,  au bord d’une rivière claire, au débit nerveux, à l’ombre de grands arbres, une cigarette au bec, tranquilles comme deux types qui parleraient allongés sur les berges d’une rivière :
___Dis moi, Bob, j’aimerais savoir : quelle est la première chose, la toute toute première chose que tu essaies d’apercevoir en tout premier chez une femme ? Celle que tu cherches, que tu épies d’entrée ?
___ Heu, tu en as de ces questions, toi ! Je réfléchis... Je sais : ses doigts mon ptit père, ses doigts, je  regarde tous ses doigts et j’essaie de repérer s’il y a une alliance.
___ Une alliance ?
___ Ben oui, c’est ce que je cherche à voir en premier. S’il n’y en a pas, si les doigts sont libres, je laisse tomber, s’il y en a une, en revanche, comme disait l’autre, tout devient possible!
___  T’es dingue ! Avant tout, tu ne regardes pas si elle te plait ?
___ Nan, nan, elles me plaisent toutes du moment qu’elles sont d’accord ! J’ai pas les moyens d’être exigeant moi, je ne suis pas le beau gosse qui peut choisir, tu sais ! Je suis lucide et pragmatique. Je ne suis pas exactement comme toi qui peux te permettre de choisir.
___ Tu es bête ! Et toi tu regardes quoi ? En tout premier, avant tout le reste.
___ Moi, je ne regarde que les pieds.
___ Les pieds ?
___ Ben oui, les pieds. De vilains pieds et l’histoire d’amour ne peut même pas débuter, elle sera impossible. De vilains pieds et c’est rédhibitoire… C’est un drame, tu sais ! Ne ris pas, s’il te plait… Imagine: je ne peux faire des rencontres que l’été, au temps béni des sandalettes, des tongs ou des gougounes. Un grand amour né en Décembre sous la dictature des après skis peut mourir au grand soleil de Mai… C’est terrible...
___ Et pourtant, quand on vit avec quelqu’un c’est l’endroit du corps qu’on voit le moins souvent… Tu m’aurais dit le nez j’aurais compris, mais les pieds? Tu es bizarre comme garçon, toi.
___ Tu vois bien que tout ne m’est pas donné par la grâce, je n'y suis pour rien, je suis affublé de ce handicap là. Je ne peux désirer une femme si ses pieds sont moches, je n’en suis pas fier, c’est juste comme ça. Je suis passé à côté de belles histoires, tu sais! Il a suffi, parfois, qu'elle se déchausse pour que la magie fiche le camp à la vitesse de la lumière. Et je me retrouvais bredouillant une excuse maladroite et mensongère à un départ précipité. Impossible quand même de lui dire que ses pieds sont responsables d'une telle fuite... En plus, si elle a de jolis pieds, ce n’est pas gagné, il faut aussi que tout le reste plaise.
___ Finalement je n’aimerais pas être à ta place, je ne t’envie pas.
___ Chacun sa croix, chacun sa plaie !
___ C’est aussi pour ça qu’on s’entend bien tous les deux :
Toi, tu t’occupes des mains et moi des pieds et du reste…
C’est donc des extrémités des femmes dont s'entretenaient ces deux hommes allongés au bord du courant joyeux d’une rivière parfaite. Comme un juste retour des choses, la cohabitation harmonieuse, improbable de ces deux espèces nécessitait de longs discours…
Vint alors un long silence. Puis l’un des deux :
___ Dis donc, tu ne m’as pas expliqué cette histoire d’alliance ? Tu ne tentes une approche que si tu en perçois une, si j’ai bien compris…
___ Tu as bien compris...
___ Et pourquoi ça, on peut savoir?
___ C'est simple, si la personne est mariée, j’augmente ainsi, un peu, mes chances de... ne pas me faire mettre le grappin dessus…
Alors, l'autre dans un sourire, se rajustant le chapeau:
___ Tu sais quoi? Tu es répugnant! Tiens, pour ta peine, tu mériterais de tomber amoureux!


27 mai 2012

Fin de semaine. 23

Cette semaine a commencé par un joli mail reçu qui m'a contenté la semaine et pourrait bien me ravir toutes les suivantes. Pas chien, je vous en livre un bout:"... va aussi bien que possible... a un moral du feu de Dieu. L'évolution de sa tumeur est stoppée, je l'accompagne jeudi pour l'IRM de mi-cure. Le programme prévu continue : les 3 dernières chimio avec un nouveau produit plus facile à supporter, puis l'opération en septembre." Un mail de vie.
Cette semaine, j'ai revu avec un immense plaisir un film que je n'avais pas vu depuis mille ans. Un film important dans le plaisir pris au cinéma, à écouter de la musique (Paul Simon & Art Garfunkel... The sound of silence, April come she will, Mrs Robinson...) et à passer un moment avec quelqu'un de l'autre sexe... Hé bien, j'ai à peine vieilli! Ce film, je l'ai aimé pareil qu'il y a mille ans!




Cette semaine, je n'ai pas reconnu un pays que je connais très peu, mais un peu. Cétait un pays apaisé, accueillant, bienveillant, avec ses handicapés, ses vieux, ses éclopés, plutôt joyeux et avenant. On vient d'y voter une loi liberticide, on y tape la nuit sur les corps de ses jeunes gens qui rouspètent en marchant dans la rue, on leur gaze les yeux, on les enferme... Tabernak! Avez vous le front devant les yeux? Qu'êtes vous en train de faire du Québec?
Cette semaine, j'ai adressé un message personnel aux cerises de tous genres: Ne soyez pas si arrogantes dans vos rouges vifs, vos noirs glacés, essayez de penser qu'il y a, sur cette terre, des gens qui ne PEUVENT pas vous manger!




Cette semaine, je suis allé voir le film De rouille et d'os d'Audiard. Comment dire? Il laisse au coeur un arrière goût de... rouille et d'os, enfin de l'idée qu'on se fait de ce mélange si on devait y goûter. On y revoit avec un immense plaisir Corinne Masiero, la magnifique Louise de chez Louise Wimmer... 
Comme le dit la maxime: Avec les violents, l'important c'est de rompre la glace... Bredouille et rosse.



Cette semaine, moi qui a eu le bonheur de "couvrir" deux années de suite le Festival de Cannes comme envoyé d'une radio libre, je me suis dit que ce qu'on en voit (l'oréal et tapis rouge, grimpette et tapages) m'emmerdait à un point culminant. Des films! Bon Dieu des films et rien d'autre! De l'amour peut-être aussi...
Cette semaine j'ai, en belle compagnie, dégusté du Pouilly-Fuissé de Marcel Marin. Hé bien, un bon vin, c'est encore mieux si le coude est levé avec des coudes amis.
Cette semaine, je me suis ravi de n'avoir jamais croisé la trajectoire d'Andie Mac Dowell... Devoir la perdre m'aurait été difficilement supportable.

Cette semaine, attiré par le vert, je me suis arrêté au bord de la route. Il ne manque que le vol bleu pétant du martin-pêcheur que mon appareil, cet indigent, n'a pas su bien capter et pourtant, il est sur cet image!


Bref, une semaine comme toutes les autres, puisque désormais passée, écoulée, rangée et partagée...

20 mai 2012

22! C'est une fin d'semaine!

Cette semaine de l'Ascension, logique, je suis monté à Annecy...


J'en ai profité pour rencontrer Marie Rennard et c'était vraiment bien de ne pas, comme d'habitude, écouter mon imbécile timidité naturelle qui a tendance à d'abord suggérer: Une prochaine fois, va... J'aurais eu bien tort. En plus, quand on n'est pas écrivain, ce n'est pas tous les jours qu'on rencontre son éditrice (de Swans). Hé bien, figurez vous ce fut comme si on se connaissait depuis longtemps. Cette rencontre était un moment très agréable et il n'y en a pas tant comme chante l'autre...
Je vous suggère d'aller la lire, c'est un vrai bonheur.




Cette semaine, j'étais content pour la Cécile, à qui, depuis qu'elle l'a trouvée négligée, la Morano s'autorise à donner des leçons d'élégance... L'hôpital qui se fout de la charité.  Ouf, Cécile était devenue ministre. Ça semblait important, enfin, surtout pour elle. Parce que pour nous, à dire vrai, on s'en fout un petit peu.
Cette semaine, je me suis souvenu de cette phrase lue chez Sylvain Tesson dans Dans les forêts de Sibérie: Dans la vie il faut trois ingrédients: du soleil, un belvédère et, dans les jambes, le souvenir lactique de l'effort... Il ajoute à ça des cigarillos, j'ajouterais, moi, une belle compagnie... Et, j'ai été comblé quand tous les deux, nous sommes arrivés, en sueur, au balcon des contrebandiers qui surplombe la ville... La vue valait la marche. Mon dos gueulait bien un peu mais je lui ai recommandé de la fermer. 


Cette semaine, nous avons remis ça le lendemain avec le Tour de Lac en bicyclette en passant par le travers de la réserve naturelle du Roc de Chère, entre Menthon et Talloires... Le chevreuil aperçu là haut, se baladant dans les sous bois n'en est pas revenu. Mais regardait-il encore le paysage? Nous, oui.
En profiter pour regretter ici, que depuis l'invention de la draisienne en 1818,  les chercheurs ne se soient pas davantage cassé le cul pour que les cyclistes, eux ne se le cassent pas... Alors que l'homme a marché sur la lune, il aurait dû se donner les moyens, depuis tout ce temps, pour que le pédaleur la récupère intacte...
Cette semaine, au bord de ce lac, en lisant cet article, j'ai été inquiet, d'un coup... 


Cette semaine je me suis persuadé que c'était aussi bien de n'avoir pas eu d'histoire d'amour avec Diane Kruger. Ainsi je n'ai pas eu à souffrir  de notre  séparation...
Cette semaine, je me suis aperçu que je faisais, moi aussi des anaphores depuis vingt et une semaines avec... cette semaine...
Cette fin de semaine j'étais à Annecy et tout y fut bel et bien bon...


Bref, une semaine désormais comme toutes les autres puisque terminée, finie, racontée et surtout partagée...

15 mai 2012

La danse d'une vie.

Pour les impromptus littéraires.
Le thème est la danse d'une vie.


Celle là, je ne l’avais pas vue arriver. Pourtant, je passais ma vie toujours sur mes gardes. A force d’y être, sur mes gardes, j’avais des plaques d’eczéma partout. C’était devenu tellement habituel de me méfier, c’était tellement une seconde nature, j'étais tellement obligé... En vrai, faire gaffe était une question de survie. C’est pas qu’on habitait à Gravelotte, mais dans le secteur, ça tombait pour un rien, pour un oui ou pour un non. Et vlan, voilà déjà  trois bonnes raisons au moins. Quand y en avait pas, y en avait quand même. L’avait même pas besoin d’en inventer.
Ce soir là, j’avais traîné en route avant de rentrer, comme toujours, vous me direz, mais je vous jure que si vous aviez été à ma place vous n’auriez pas été pressé non plus. Un peu de calme avant la tempête, un peu de silence avant les cris, un peu de rien avant que ça tombe.
Saka et moi on avait pris notre temps en poussant des billes le long des caniveaux, en discutant le coup. Saka, je l’aimais bien, il habitait sur mon chemin pour rentrer de l’école, alors on rentrait ensemble en jouant aux billes. Une fois devant chez lui, on se rendait celles qu’on avait gagnées comme ça on pouvait continuer à jouer. Pas question qu’il y en ait un qui plume l’autre. Ce qui comptait c’est qu’on se soit bien amusé. Je me suis toujours demandé si chez lui c’était pareil. On en a jamais parlé ensemble mais je crois bien que oui. Après avoir laissé Saka, j’avais marché drôlement lentement pour finir le trajet. J’avais tout fait: A cloches pieds, j’avais marché en arrière, j’avais caressé le chien du 26 de la rue Cavell, Miss Cavell, dont je me suis longtemps demandé ce que cela voulait dire... Miss France, je voyais mais Miss Cavell? En tous les cas, je l’aimais bien celui-là. Quand on approchait il gueulait comme un branque et dès qu’on lui parlait il remuait la queue et bavouillait en souriant. Encore un qu'aimait qu'la tendresse. L’avait qu’un défaut il puait, mais il puait... Pire, l’odeur s’accrochait à vous comme de la bave de limace. On l’emmenait avec soi si on avait le malheur de fourrer la main dans ses poils sales. Et se la frotter à l’intérieur de la poche n’arrangeait pas les affaires. On puait le chien qui pue et puis c’est tout. Après, j’avais passé un bon moment devant la vitrine de la boulangerie du coin. J’avais un peu rêvé devant les colonnes de verre remplies de bonbons. Mais il m’avait fallu bouger. Cette fois, c’est sûr, en retard,  je l'étais.
J’ai couru pour essayer de rattraper le temps perdu, j’ai couru tout le long de la rue. Je n’ai rien rattrapé du tout. J’ai poussé la grille du jardin qui était ouverte. Il était là, derrière, campé sur ses deux jambes comme la statue en fer du square. Il n’a pas dit un mot. Pas un seul. Il a juste montré sa montre avec un de ses gros doigts. Il avait l'air de d'habitude, le mauvais. Celui qui cogne, celui qui gueule. Celui qui fait pleuvoir des beignes. La première gifle m’est arrivée droit sur l’oreille. Pile dessus. Il y en a eu quelques unes après mais après trois, j’ai arrêté de compter. Je me retenais juste de crier. Qu'il n'ait pas ce plaisir là. Que maman n'entende pas ça, aussi. Un moment, ma tête a tapé contre un des piliers du portail. C’est là, enfin... J’ai entendu les docteurs dire que c’est là que j’ai subi le plus grave. En tous les cas, c’est là que j’ai perdu connaissance. Pour l’instant, ils ne savaient ni  si je me réveillerais, ni quelles séquelles j’aurais. 
Je les entendais mâchonner leurs mots dans un flou blanc. Je m’en fichais. Je n’avais plus mal. Nulle part.
Lui, j’avais entendu qu’il était en prison ou un truc comme ça... Les flics disaient qu'il ne soit pas mon père n'excusait rien. Qu'il allait prendre cher.
Jusqu'au plus profond de mon coma, ça m’avait fait sourire.

Cette fois, c’était sûr,  j’avais reçu la danse de ma vie…


13 mai 2012

Vingt et unième. Fin de semaine.

Cette semaine, j'ai trouvé que la belle expression Aube dorée, finalement, sentait extrêmement  mauvais...
Cette semaine, j'ai eu beau me le dire plusieurs fois, ça m'a fait drôle à chaque fois: François Hollande Président de la République... François Hollande Prés...
Entre parenthèses, il commence à m'agacer celui-là, avec sa vie sentimentale... Une jolie compagne après une vie commune de trente années avec une autre jolie compagne... Mais François, diable, comment t'arranges-tu?
Cette semaine, je suis tombé amoureux de ces abat-jours vus dans le magasin Zenza 70 Rechstraat à Maastricht:


Cette semaine, au détour d'un souvenir, m'est revenue en mémoire l'expression:" un bicou dans la counille" et je me la suis répétée avec nostalgie.
Cette semaine, j'ai été heureux  que Michèle Pfeiffer n'ait jamais partagé ma vie. J'aurais été bien trop triste  lors de notre séparation.
Cette semaine j'ai constaté que j'avais bel et bien vieilli. Un signe imparable: Je me suis rendu compte  que, dans la rue, je regardais davantage les mères que leurs filles...


Cette semaine Véronique m'a proposé de voir ça, elle a drôlement bien fait!:http://www.youtube.com/watch?v=v0JkXu8gHXA&feature=related
Cette semaine je me suis demandé comment on se débrouillait pour être à cinquante huit ans grand, mince, élégant, svelte, intelligent, drôle, prévenant, soucieux des autres, sensible... Tout ne se résume pas qu'à une question de volonté,  tout de même?
Cette semaine, j'ai dégusté du jaune en salade!


Cette semaine, s'est posée la question de savoir si j'allais m'inscrire au stage ou si j'attendais encore un peu...
Cette semaine, je me suis demandé comme une ville si chic, si bourgeoise, si petit doigt en l'air, si riche historiquement pouvait avoir élu à sa tête une telle caricature de mairesse imbécile... Et d'une vulgarité 8 sur l'échelle de Morano.
Cette semaine, j'ai été épatouflé par plupart de nos médias nationaux, je les ai trouvé impayables... Dire qu'il ne leur a pas fallu plus de trois jours pour transformer une quiche molle en cador d'airain... Et nous le vendre tel...
Cette semaine j'ai également été agacé par les oeillades mielleuses des écologistes et particulièrement par celles de Cécile, leur secrétaire nationale, qui clignotait comme une vitrine rougie dans un quartier chaud d'une ville emblème en... Hollande. Avez vous vu combien je suis disponible? Minaudait-elle. Un vert ça va...

Bref, une semaine écoulée, terminée, rangée et, désormais partagée.

10 mai 2012

Duo d'ombres.

Pour les Impromptus littéraires, le thème de la semaine est Duo d’ombres.
Paris, tout le monde le sait, est plein des fantômes de ceux qui y ont vécu ou y sont passés. Comme le temps leur parait long, bien qu'il soit pour eux aboli, ils se rencontrent ça et là pour deviser, ou encore ils s'écrivent, sans que l'époque qu'ils ont investie de leur vivant soit un obstacle. Le vent parfois porte un de ces chuchotements ... J'ai écrit un premier texte qui a été refusé. (Pas de politique). Alors, j'en ai envoyé un second! Voilà le refusé.


Duo d'ombres.1.
En fin de semaine dernière, à l’heure où le pays tout entier et moi, avec, attendait les résultats d’une élection nationale, un de ces soirs maudits de discorde nationale, ma sensibilité disons progressiste a guidé mes pas vers la place de la Concorde, du côté où il semblait acquis dès le début de l’après midi que les perdants se trouveraient. Par sympathie ! Par amour de l’autre, en effet, il y aurait là davantage de réconfort à apporter qu’à la Bastille, que je me suis dit, naturellement. Puisque leur chef semblait battu, puisqu’ils avaient ainsi comme perdu leur tête, c’est là qu’on serait utile.
Bien entendu, avant l’annonce des résultats, la place était déserte, forcement déserte. Seules quelques ombres en pleurs rodaient en long et en large sur les trottoirs, comme des âmes en peine, perdues. J’en ai serré quelques unes dans mes bras, j’ai tenté des mots d’apaisement : un de perdu dix de retrouvés, cinq ans passent vite, nous… Enfin, VOUS pouvez  encore gagner les deux prochaines batailles, il nous... il vous  reste la vie allons...  Même si cela n’était pas une tâche facile, tant la tristesse semblait grande, j’ai fait du mieux que j’ai pu. Je ne suis quand même pas allé jusqu'à éponger leurs larmes d'une serviette de soie...
J’allais me rentrer, presque heureux de la « mission »accomplie, j’allais m’engouffrer dans une bouche de métro quand j’ai entendu nettement quelques phrases. Je me suis tourné vers l’endroit d’où elles venaient mais, j’ai eu beau chercher, je n’ai vu personne. Et pourtant, je les entendais distinctement. Très distinctement, même. Elles disaient avec un ton somme toute ampoulé, voire aristocratique :
« Mais enfin, nous cherchons, nous cherchons mon Bon. Mettez-y davantage d’ardeur mon ami… Depuis le temps que nous cherchons…
Mais Sire, il y en a eu tellement ici que ce serait miracle que nous réussissions…
Un corps de Roi, ça devrait se reconnaître tout de même… »
En se prononçant, ces mots s’éloignaient de moi. J’ai décidé de retarder d’un moment mon retour, j’étais intrigué, je voulais comprendre ce qui se passait, en présence de quel phénomène j’étais.
En vrai, quand on se concentrait, ce que je me suis obligé à faire, les voix, c’est par centaines qu’elles conversaient sur cet endroit. Et toutes cherchaient à comment dire… Recoller les morceaux. C’est ce que j’ai fini par comprendre…
J’ai marché sur la place presque vide en suivant les phrases entendues prononcées ici ou là et chacune ne cherchait que ce qui lui manquait.
Aussi étrange que cela paraisse, et sans doute depuis plus de deux siècles, toutes les têtes tombées là lors des épisodes sanglants de la Terreur ne cherchaient simplement, seulement qu’à retrouver leurs corps   épars afin de se réunir pour l’éternité…
L’œuvre était immense, il leur fallait faire concorder chacune de ces têtes avec chacun de tous ces corps…
La place de la Concorde portait définitivement bien son nom…





07 mai 2012

Une nouvelle mauvaise.

Voilà une mauvaise chose de faite!
Ça n'avait rien de personnel, mais je n'avais pas aimé ça, du tout. Je crois même avoir fait une horrible grimace, sans doute davantage de dégoût que de douleur quand j'avais aperçu son doigt ganté de caoutchouc s'avancer doucement. Je suis certain d'avoir grimacé bien avant même qu'il ne me touche. De plus, je dois quand même dire, que si j'avais dû choisir quelqu'un pour ce genre de pratique tout en reconnaissant son absolue compétence, ça n'aurait pas été lui. À sa décharge, il avait été, disons, absolument professionnel et ne m'avait pas donné l'impression d'y prendre lui non plus un quelconque plaisir. Et ça, en revanche, ça m'avait plu. Quel soulagement quand j'y repense! Lui, il bénéficierait d'une aura resplendissante... Ils n'étaient pas si nombreux sur terre à pouvoir dire: Je lui ai fait!
A l'époque où nous vivions, nous arrivions à la vieillesse presque'encore jeune, seulement il fallait en passer par là. Par là, je veux dire que toutes ces séances de dépistages multiples faisaient partie d'un parcours obligé. C'était le prix à payer. Nous nous faisions maintenant dépister pour à peu près toutes les saloperies mortelles,  et il était même  étonnant de constater, c'est le cas de l'écrire, que certains d'entre nous les attrapaient encore.  À se demander s'ils ne le faisaient pas un peu exprès. À partir d'un certain âge on n'y coupait pas... Il arrivait, même qu'on nous demande, ah l'idée de génie, de "faire" dans des enveloppes, puis de les leur renvoyer... Garnies. Amis dépisteurs... bonsoir!


Pour les femmes, c'était les seins, pour nous tout le reste. Nous étions donc, bien, menacés davantage. En vrai, c'est notre espérance de vie qui en était sensiblement écourtée. Rien que pour cette seule raison, elles devraient, les femmes, être à notre égard, éperdues de reconnaissance... Imaginez: toutes ces années à vivre, tranquilles, sans nous, sans notre encombrante présence, sans notre enfantine et pesante présence...
Enfin, pour que tout ça m'arrive, faudrait-il, encore, que je prenne rendez-vous, ce dont je n'ai pas réussi à me convaincre. Et, pas comme le disent certaines mauvaises langues, parce qu'on pourrait éprouver un plaisir particulier à ces attouchements. Je ne l'ai pas fait parce que je n'ai pas très envie d'entendre une mauvaise nouvelle, voilà tout. J'assume mon immense lâcheté.  Une preuve qu'on peut ne pas être tout à fait stupide et se comporter comme un parfait imbécile. Mais je suis comme ça. Sensible, beaucoup trop sensible. Savez vous que je suis incapable de regarder un jeu télévisé, j'ai tellement peur que les candidats perdent ou se fassent éliminer. Alors imaginez, toutes ces émissions où on exclue, vire, jette, très peu pour moi. Dès qu'une élimination plane dans l'air, je me mets à trembler par empathie. Je renonce à regarder tout concert, peur qu'un musicien brique, je m'éloigne des pièces de théâtre, angoissé à l'idée d'un four ou d'un trou de mémoire, je fuis les discours en public, écrasé par l'idée que l'orateur soit mauvais... Pour ne rien arranger je suis plutôt craintif vis à vis de la maladie et bien entendu, ne me proposez jamais une émission médicale: j'attrape illico le sujet du jour.
En politique, je suis presque systématiquement du côté du vaincu, le gagnant ne m'intéresse plus dès lors qu'il accède à la première marche. 
Il n'y a pas besoin de convoquer Lacan pour savoir ce qui, là, se joue...
C'est dire aussi combien, tous ces derniers jours de liesse quasiment nationale, j'ai souffert mon martyre... J'étais à deux doigts d'écrire au perdant pour lui proposer, s'il en éprouvait le besoin, de venir passer quelques jours à la maison avec sa femme et sa fille. 
Une fois ici, je me faisais fort de l'enduire d'arnican, d'apaisyl, de biafine... De tout ce qui serait nécessaire à sa guérison.  
Alors, on peut comprendre que ce n'était pas exactement le bon moment pour aller apprendre, en plus, une possible mauvaise nouvelle...





Fin de semaine, vingt.

Cette semaine, j'ai vu ça:


Et j'ai trouvé que c'était joli.
Cette semaine, je me suis dit que le débat auquel il fallait assister était celui qui  a mis en présence Régis Debray et Henri Guaino chez Taddéi dans Ce soir ou jamais sur France 3. D'une autre hauteur de vues que celui qui a confronté les deux prétendants dans l'poste transformé en arène.
Il vaut parfois mieux lire un bon livre sur la boxe qu'assister à un mauvais combat.
Cette semaine, je suis passé à très grande vitesse à quelques centaines de mètres de dix ans de ma vie. Et, comme chante l'autre ça m'a fait quelque chose...


Cette semaine, il faut féliciter le nouveau président de la république. Maintenant, grâce à lui, le pays entier sait ce qu'est une anaphore.
Cette semaine, on a ouvert une fenêtre. Que l'air rentre et se renouvelle! Bien sûr, on sait déjà qu'il faudra un jour la refermer, bien sûr, on sait que periccoloso sporgersi. Contrairement aux gens de droite, nous avons déjà élu un socialiste comme président, nous... On a même élu Jacques Chirac, une fois. Mais, en attendant la grêle, ne pas bouder le plaisir d'entendre à nouveau des mots qu'on n'avait plus entendus depuis dix ans...
Il nous reste, maintenant à nous, électeurs à lui donner une majorité qui lui permette de ne pas cohabiter.



Cette semaine, je me suis réjoui de n'avoir pas été l'amoureux d'Anne Sophie Lapix, je n'aurais pas aimé m'entendre dire un vilain soir: "Mais Anne Sophie chou, je ne comprends pas... Tu t'en vas? C'est quoi cette valise pleine de tous tes tailleurs, à tes pieds?"
Cette semaine, les iris ont fait une jolie tache bleue tendre dans le vert du jardin. 
(Je n'y ai pas de tulipes...)


Cette semaine j'ai entendu une jolie phrase: "Les rives sont la chance du fleuve, elles l'empêchent de devenir marécage."
Cette semaine, à peine un socialiste élu, ça commence, mon ordi est tombé en panne le dimanche soir. L'était sarkozyste, lui?
Bref, une semaine pas tout à fait comme celles que nous vivons depuis cinq ans, mais désormais vécue, terminée, rangée, partagée.

01 mai 2012

Fin de semaine 19

Cette semaine, pour cause d'absence du territoire je ne poste que le brouillon de la semaine... Indulgence réclamée.



Quels bruits sont-ils les plus détestables? Vol d'une mouche bleue dans une pièce fermée? Chute des clés de maison dans une grille d'égout? Aboiement agressif d'un chien aux fréquences aiguës? Roulette du dentiste, c'est sans danger...(Lien avec Marathon Man).

Amour heureusement pas avec Marie-Josée Alie sinon séparation invivable...

Cinq ans qu'on attend le moment de lui botter son derrière et puis, cet instant est là, à nos pieds. Il ne reste plus qu'à lui ouvrir la porte sans haine mais avec un sourire et lui dire au-revoir... en n'en pensant pas un mot.


Vue l'expo Newton (celui des seins, pas celui des pommes!) au Grand Palais. (Je voulais surtout voir le Grand Palais. "Fallait venir hier! C'était ouvert, vous auriez tout vu!" m'a dit un agent de sécurité avec un léger sourire. "Si j'avais su, je serais venu avant-hier pour être bien sûr..." je lui ai répondu...).


Voyage, sous un ciel magnifique, pommelé comme une Normandie entre Paris et Maastricht qui passe par Roye dans la somme. Souvenirs adolescents... Hey Jude. Pra Loup.
Tout n'est qu'affaire de liens. Celui entre Barcelonnette et les Beatles n'est sans doute pas très évident, mais pour moi, il est clair comme de l'eau de source...
Etablir des liens...

Vu "Le prénom". J'ai trouvé bien écrit, bien senti. Souvent dans les repas de famille nous nous arrêtons AVANT la phrase qui met le feu aux nappes. Eux, ils vont juste au-delà mais entre tous, rien n'est irréversible.
De l'amour circule. Mal, mais il circule et tant qu'il circule...

Lu une phrase à laquelle je souscris:
"Ce ne sont pas les immigrés qui menacent la France mais la xénophobie."
On peut pousser les menaces jusqu'aux frontières de l'Europe et au-delà. Toujours vrai que quoi qu'on fasse, il y a de plus en plus d'étrangers dans le monde...

Vu en Hollande où ils ont eux aussi quelques soucis avec l'autre... 



Bref, une semaine vécue, terminée, rangée, partagée...
Allez, parce que c'est la tradition: Clochettes blanches sur fond...



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